L’association du monde scolaire au projet du Musée-mémorial du terrorisme s’est imposée comme une évidence pour la mission de préfiguration : d’abord parce que la dimension mémorielle du futur établissement culturel l’inscrit dans une tradition d’éducation à la citoyenneté dévolue aux musées d’histoire et de société, porteurs de mémoires contemporaines vives; mais aussi parce que l’école, désignée comme une cible, a été fortement touchée par le terrorisme depuis 2012, à Toulouse, jusqu’à l’assassinat de Samuel Paty en 2020.
Ainsi en février 2019, Edouard Philippe, dans la lettre de mission qu’il adresse à Henry Rousso, évoquait la triple vocation du lieu, « lieu de mémoire et de recueillement », « musée d’histoire ouvert sur l’avenir » et « espace de recherche, de transmission et d’éducation », reprenant les préconisations du comité mémoriel dirigé par Elisabeth Pelsez, de développer une éducation critique aux médias et aux réseaux-sociaux (3e proposition), de prendre en compte les attentats dans les programmes scolaires (4e proposition), de dispenser une formation en direction du corps enseignant (6e proposition) et d’instaurer un conseil pédagogique dans la mission de préfiguration du Musée-mémorial du terrorisme.
Le projet du Musée-mémorial du terrorisme intègre les enjeux du devoir de mémoire, se conçoit comme un lieu de commémoration d’événements dramatiques et répond ainsi aux attentes exprimées par les associations et reprises par l’État, de ne pas oublier les victimes. Il répond aussi aux enjeux des politiques nationales visant à lutter contre toute forme de haine.
Depuis 2015, l’enseignement du terrorisme est inséré plus largement dans les programmes de l’Education nationale. Les entrées disciplinaires sont nombreuses, que ce soit en histoire ou en spécialité HGGSP (histoire géographie géopolitique sciences politiques), en lettres, en philosophie ou dans les langues, ou même en spécialité DGEMC (droits et grands enjeux du monde contemporain). La question du terrorisme, de la lutte contre celui-ci, des réactions des sociétés face au terrorisme peut également faire l’objet d’une approche transversale dans le cadre de la pédagogie de projet, dans les différents parcours de l’élève (citoyen, d’éducation artistique et culturelle, santé, avenir), mais aussi en EMC (éducation morale et civique), en EMI (éducation aux médias et à l’information) ou encore pour répondre aux enjeux de l’éducation à la défense. La préparation du chef d’œuvre en voie professionnelle ou celle du grand oral en voie générale peuvent être de bons cadres d’approfondissement de ces sujets abordés dans les enseignements disciplinaires.
Ainsi dès 2021, a été décidée la mise en place d’actions en direction du monde scolaire, sans attendre l’ouverture du musée. Le projet Faire face au terrorisme invite des classes partenaires, d’abord des académies franciliennes en 2021/ 2022, puis de l’académie de Toulouse et de Düsseldorf en 2022/ 2023, à s’emparer du sujet pour proposer une exposition virtuelle. Cette exposition coconstruite par des collégiens et des lycéens d’établissements français publics et privés a vocation à s’incarner à terme dans une exposition physique et itinérante. Ce projet permet de développer une forme innovante de coopération avec un ensemble d’acteurs de l’enseignement secondaire, de concevoir des outils, des dispositifs et des ressources pour la transmission de connaissances sur un sujet sensible et contemporain.
Le pôle pédagogique encourage la pluridisciplinarité et la transversalité dans le cadre de ce projet ; il accompagne les classes dans leur réflexion tout au long de l’année, avec des témoignages, des interventions de spécialistes ou professionnels, en lien avec le sujet choisi.
Dans la perspective de l’accompagnement des professeurs, le pôle pédagogique a également investi le champ de la formation et proposé plusieurs temps aux professeurs, dont une journée d’étude à Paris, sur « l’Ecole face au terrorisme ».
Le projet Faire face au terrorisme est reconduit pour une troisième année et s’élargit à l’académie de Strasbourg à la rentrée prochaine.
