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Un lieu de résilience et de résistance

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© Rachid Azizi

Le 11 mai 2021, une étape décisive en vue de la réalisation d’un musée d’histoire et de société inédit et unique dans sa conception a été franchie avec le choix d’une implantation à Suresnes, au Mont-Valérien, à l’immédiate proximité du Mémorial de la France combattante. Le nouveau musée va en effet prendre place dans un bâtiment historique, l’ancienne École de plein air, construite en 1934 par les architectes Eugène Beaudouin et Marcel Lods, à la demande du maire de l’époque, le socialiste Henri Sellier. Ce dernier abrite les locaux de l’Institut national supérieur de formation et de recherche pour l’éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés (INSHEA) qui doit prochainement déménager à Saint-Germain-en-Laye.

 

Un lieu de résilience et de résistance

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École de plein air, le globe terrestre © MUS

Le site correspond aux préconisations de la mission de préfiguration offrant une symbolique qui répond à la volonté de créer un lieu à la fois de résilience et de résistance.

La résilience est en effet inscrite dans l’origine de ce bâtiment moderniste construit pour offrir à des jeunes à la santé fragile une éducation normale mais adaptée à leur condition. La résistance est inhérente à sa localisation même car le bâtiment est tout proche du Mont-Valérien, un haut lieu de la mémoire nationale, du Cimetière américain de Suresnes et du Musée d’histoire urbaine et sociale. Cette localisation permettra ainsi de sensibiliser les plus jeunes à l’histoire récente qui est au cœur du projet.

 

Une localisation distincte

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École de plein air, une classe © MUS

Au regard des rares autres sites comparables dans le monde - Oklahoma City, New York, Oslo, Vitoria-Gasteiz, le projet français ne concerne pas un seul attentat ou un seul type de terrorisme mais couvre l’ensemble des victimes et des actes terroristes qui ont touché la France et les Français depuis un demi-siècle. Ce choix a impliqué une localisation distincte d’un site d’attentat pour affirmer la dimension nationale du lieu et son accessibilité à de larges publics français et étrangers. La vocation de ce lieu de recueillement est de préserver les noms dans la mémoire individuelle et collective en les protégeant de l’effacement. Il n’entrera pas en concurrence avec les lieux de mémoire existants ou à venir, qu’il s’agisse de plaques commémoratives ou de monuments sur les lieux des attentats, en France ou à l’étranger.

 

Une mission patrimoniale

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École de plein air, la cantine © MUS

L’école de plein air fait partie d’un ensemble de projets architecturaux qui ont émergé pendant l’entre-deux guerres en raison de problématiques liées au coût de l’immobilier, à l’industrialisation et à un mouvement hygiéniste international.

Henri Sellier, maire de Suresnes pendant vingt-deux ans de 1919 à 1941, est un pionnier de l’urbanisme humaniste. Il s’intéresse aux questions de santé et d’éducation dans une commune qui accueille un nombre grandissant d’ouvriers. Il prône la transformation de la ville vers un urbanisme tourné vers l’assainissement, l’intégration d’espaces verts, et d’équipements culturels, éducatifs et sportifs qui se concrétise dans la construction de la célèbre Cité-jardin à Suresnes. L’école de plein air quant à elle nait en 1935 dans la suite de cette politique humaniste afin d’accueillir les enfants souffrant de problèmes pulmonaires tout en leur permettant de suivre un enseignement normal.

Les architectes associés Marcel Lods et Eugène Beaudouin qui se sont rencontrés à l’école des Beaux-arts de Paris, s’intéressent à ce type d’urbanisme et marqueront le XXe siècle par leurs propositions innovantes. L’école de plein air est un exemple significatif de leur production architecturale. Elle se caractérise par son ouverture sur les espaces extérieurs et sa logique entre espace et temps facilitant un emploi du temps avec en alternance la pratique du sport, l’hygiène, les temps d’enseignement et de repos. Les matériaux choisis comme le béton, le métal et le verre inscrivent dans la modernité cette construction en arc de cercle ancrée dans la colline de Suresnes.

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École de plein air, la gymnastique © MUS

L’école de plein air est le berceau d’un nouveau type d’enseignement adapté aux enfants de nature délicate et maladive, tourné vers le plein air tonifiant, intégrant des espaces verts, des bassins pour l’hygiène, des espaces pour le jeu et pour la sieste, rompant avec l’école à l’image de la caserne. La salle de classe est un pavillon aéré et ensoleillé dont trois cloisons vitrées sur les quatre peuvent s’ouvrir entièrement grâce à un dispositif d’ouverture instantané. Les enfants peuvent circuler facilement d’un espace à l’autre en empruntant des rampes plutôt que des escaliers.

L’école de plein air de Suresnes s’ouvre à davantage de handicaps physiques pendant la deuxième guerre mondiale et accueille des enfants jusqu’en 1996 avant de devenir le siège de l’INSHEA.

Le Musée-mémorial du terrorisme s'attache à inscrire son activité tournée vers la connaissance et la résilience dans la continuité historique de ce lieu. 

Ce bâtiment classé monument historique depuis 2002 doit subir une importante phase de rénovation dont les premières études préalables ont commencé en 2021.

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© Rachid Azizi

Quelques éléments de bibliographie :

L'École de plein air de Suresnes : un cas d'école, rédigé sous la direction d'Anne-Marie Châtelet et Gwenaël Querrien, Paris, Cité de l'architecture et du patrimoine et Institut français d'architecture, 2006.

Architectures scolaires : 1900-1939, Anne-Marie Châtelet, Paris, Éditions du patrimoine, Centre des monuments nationaux, DL 2018.

L'École de plein air : une expérience pédagogique et architecturale dans l'Europe du XXe siècle (Open-air schools : an educational and architectural venture in twentieth-century Europe), sous la direction d'Anne-Marie Châtelet, Dominique Lerch et Jean-Noël Luc, avec la collaboration de Andrew Saint, Paris, Éd. Recherches, impr. 2003.

Le Souffle du plein air : histoire d'un projet pédagogique et architectural novateur (1904-1952), Anne-Marie Châtelet, Genève, Mētis Presses, impr. 2011. (Disponible à la librairie du MUS)

Eugène Beaudouin, Marcel Lods : École de plein air, Paula Veronica Dell'Aira, Firenze, ALINEA, cop. 1992.

Marcel Lods - Action, architecture, histoire, Peter Uyttenhove, Verdier éditions, 2009. (Disponible à la librairie du MUS)

Encyclopédie de l'architecture : constructions modernes. Tome VIII, [éditeur commercial] Albert Morancé, Paris, Éditions Albert Morancé.

Parijs 1900-1930 : een architectuurgids, samengest. door Stanislaus von Moos, Peter Couwenbergh ; teksten door Ellie Adriaansz, Richard van den Berg, René Bosch van Drakestein... [et al.], Delft, Delft University Press, 1984.

Architetture per la scuola : impianto, forma, idea, Laura Anna Pezzetti, Napoli, CLEAN, impr. 2012, cop. 2012.

 

 

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