Ce Jeudi 23 mai avait lieu la 3e formation organisée par la mission de préfiguration du Musée-mémorial du terrorisme avec l’académie de Toulouse. Intitulée Le terrorisme : approches croisées et enjeux mémoriels, destinée aux enseignants de toutes les disciplines, son objectif était d’apporter des outils disciplinaires et didactiques pour appréhender un sujet sensible, qui a fait plusieurs fois effraction dans le quotidien de la classe ces dernières années et suscité beaucoup d’émotions, parfois paralysantes. C’est un des enjeux du projet du Musée-mémorial du terrorisme que d’apporter à un public large, des connaissances scientifiques sur l’histoire du phénomène, sur son traitement médiatique, sur ses ressorts géopolitiques, sur ses effets sociaux et son impact psychologique, à partir d’une approche pluridisciplinaire. L’enjeu pour les acteurs du monde scolaire est de mettre à distance le phénomène pour pouvoir l’aborder sereinement avec les élèves.
La matinée était consacrée aux enjeux que soulevait pour le monde scolaire le terrorisme, avec un regard particulier sur la région toulousaine.
- Entre le moment des attentats et les lendemains immédiats rythmés par les minutes de silence et les « faits établissements » recensés par l’administration, Sébastien Ledoux, maître de conférences à l’Université de Picardie Jules Verne (UPJV) a étudié, dans une enquête à paraître, la façon dont ces temps, qui relèvent de l’extra-ordinaire, bouleversent le rapport entre les élèves et l’institution incarnée par les professeurs.
- Anne-Clémentine Larroque, s’appuyant, avec son regard d’historienne, sur 8 années d’expertise auprès du parquet général puis à l’instruction antiterroriste, lui permettant de suivre un grand nombre d’audiences et d’assister à des interrogatoires de mis en examen, notamment dans les enquêtes judiciaires ouvertes suite aux attentats commis par Mohamed Merah et à l’assassinat de Samuel Paty, est revenue sur les ressorts de l’engagement dans une radicalité islamiste violente chez les jeunes.
- Enfin un acteur de la lutte antiterroriste, Christophe S. a témoigné de son expérience dans les services du renseignement intérieur, évoquant les évolutions des institutions en matière de lutte antiterroriste, de surveillance de la radicalisation et le suivi du réseau d’Artigat en Ariège dès les années 1990, qui a été un hub jihadiste avec le Proche et le Moyen-Orient, sous l’influence de l’imam d’origine syrienne Olivier Corel.
L’après-midi a permis de réinscrire la séquence terroriste qui touche la France depuis 2012 dans le temps plus long de l’historien et de proposer aux enseignants une approche du sujet par la pédagogie de projet dans le cadre de l’exposition co-construite avec les élèves Faire face au terrorisme.
- Après une présentation du projet du Musée-mémorial du terrorisme et de l’action en direction des publics scolaires que constitue le projet d’exposition par Lucie Vouzelaud, responsable du pôle pédagogique de la mission de préfiguration, Virginie Michalak et Amin Lahdil, professeurs d’histoire-géographie et formateurs académiques, ont expliqué comment ils s’étaient emparés du projet, articulant parcours de spectateur pour les élèves, dont la journée du 7 mars faisait partie, contenus disciplinaires et atelier artistique avec une structure culturelle locale, La Ménagerie pour réaliser un court-métrage avec 18 élèves volontaires.
- Jenny Raflik, professeure des Universités en histoire des relations internationales contemporaines à Nantes université, a retracé une histoire longue du terrorisme, depuis la fin du XIXe siècle, en prenant un certain nombre de stéréotypes comme point de départ, « le terroriste est-il fou ? », « le terroriste est-il un homme ? », « le terrorisme est-il un phénomène récent, inédit », « le terroriste est il pauvre, désespéré et analphabète ? » etc
- Claire Sécail, Chercheuse CNRS, Cerlis et conseillère recherche de la mission de préfiguration a abordé l’histoire du terrorisme à travers celle des médias, revenant sur les mécanismes de médiatisation de l’attentat depuis ceux des anarchistes au XIXe siècle et mettant en évidence quelques jalons (l’apparition de la photographie de presse, la vidéo de l’assassinat de Alexandre Ier de Yougoslavie et de Louis Barthou le 9 octobre 1934, la diffusion en direct de l’attentat antisémite lors des Jeux Olympiques de Munich en septembre 1972, puis la mondovision des attentats du 11 septembre 2001) et continuités (le caractère spectaculaire du terrorisme, les figures imposés du récit médiatique etc) pour analyser les questions éthiques que soulève la couverture médiatique du terrorisme et donner quelques pistes sur la façon dont ces thématiques seront abordées dans le musée.
Cette formation a eu lieu dans le cadre du tribunal judiciaire de Toulouse grâce à l’accueil du CDAD 31.
