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Le MMT acquiert des dessins de Noëlle Herrenschmidt

Le Musée-mémorial du terrorisme a officiellement acquis, en mars 2023, les 293 dessins réalisés par Noëlle Herrenschmidt, lors du procès des attentats de novembre 2015. La reporter aquarelliste a remis à Elisabeth Pelsez, directrice générale du Musée-mémorial du terrorisme, les dessins qui font désormais partie des collections du musée et qui pourront être exposés dans celui-ci.

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© Chrystalle Kargès

En quelques questions, Noëlle Herrenschmidt nous en dit plus sur son œuvre.

MMT : Vous avez déjà peint de nombreux procès, considérés comme hors-norme ou historiques, comme les procès Barbie, Touvier ou Papon, en quoi celui-ci est-il différent ?

NH : Il est différent par deux aspects. D’abord, les autres grands procès que j’ai dessinés, étaient ceux de crimes contre l’Humanité jugés plus de 30 ans après les faits, or là c’est un procès d’actualité. Les victimes, comme les coupables ou même les avocats ont 30, 40 ans. C’est une population totalement différente, beaucoup plus jeune, d’ailleurs j’ai été marquée par le fait que, contrairement à d’habitude, les gendarmes présents étaient en bleu clair et non en grand uniforme, afin, je pense, que ce soit moins impressionnant et que les victimes se sentent le mieux possible. Puis, l’autre différence, c’est la période du procès. En effet, au début, en septembre 2021, nous étions encore sous les règles Covid, donc tout le monde portait des masques, contrairement à la fin, en juin 2022. Il a donc fallu adapter le dessin pour faire passer les émotions malgré le masque et puis quand les gens se sont démasqués, j’ai parfois eu quelques surprises, car je ne les imaginais pas comme ça.

MMT : Pour vous, quel fut le moment le plus difficile à représenter pendant le procès ?

NH : À proprement parler, aucun, car notre métier, à nous, les peintres de procès, c’est de témoigner, de transmettre. Il n’y a pas de limite à ce que l’on peut transmettre. Le crayon et le pinceau sont là pour raconter ce qu’il s’est passé. Ainsi, on est « co-acteurs » du procès, on ne subit pas, on agit. Cependant, il est vrai que certains moments sont particulièrement forts, notamment les témoignages des parents. Je me souviens, par exemple, d’une femme, une mère qui avait souhaité que pendant son témoignage, soit affiché le visage de ses deux jumelles décédées. C’était bouleversant, d’ailleurs, avec les autres dessinateurs, on était 8 ou 9, on s’est tous regardés, on sentait que nous partagions tous une même émotion.

MMT : À propos de vos œuvres, plus précisément, quelle est votre technique ?

NH : J’utilise principalement le pinceau et le crayon. Le pinceau, je l’utilise avec l’aquarelle, qui est ma complice, je la laisse faire, elle fait ce qu’elle veut. Et puis, la mine graphite me permet d’avoir également un trait incisif. Au fil des différents procès, je me suis rendu compte que la parole pouvait aussi être très importante, il fallait donc écrire ces paroles. Étant une gauchère contrariée, j’ai alors la chance de pouvoir faire les deux en même temps. Quelques fois, je remplis des pages d’écriture en même temps que de l’autre main, je dessine. Par ailleurs, une de mes autres particularités est l’usage du blanc. En effet, il m’arrive souvent de laisser des blancs dans mes aquarelles pour guider le regard du lecteur qui sera d’abord attiré par la couleur. Il faut ainsi accepter de ne pas finir un dessin pour s’assurer que celui qui regarde sera bien guidé dans le dessin et donc dans le procès.

MMT : Vos dessins pourront être exposés au MMT, qu’est-ce que cela représente pour vous ?

NH : C’est très important, pour moi, que ces dessins puissent êtres vus, car ils sont et doivent être à tout le monde. Et puis, en les exposant au MMT, c’est un peu comme les rendre à leurs auteurs, d’ailleurs mes dessins des procès Papon et Barbie sont au musée de la Shoah. Les rendre à leurs auteurs, cela signifie les rendre accessibles à tous les acteurs du procès, avec lesquels j’ai passé près de dix mois en continu.

MMT : Avez-vous un dessin préféré parmi tous ceux que vous avez réalisés pendant ce procès ?

NH : Oui, il y en a un qui me touche particulièrement. C’est un dessin qui ne correspond pas à une réalité figée, à un instant mais qui est une construction. J’y ai représenté la salle et un écran sur lequel apparaît, une victime, une femme exceptionnelle qui est bouleversante, avec à ses côtés une boite de mouchoirs en papier. Et autour de cet écran, j’ai peint la victime précédente à gauche et à droite la statue de la fidélité. Ce dessin raconte ainsi, sans avoir besoin de texte, le mélange entre les victimes qui témoignent et le XIXe siècle. La victime qui est regardée par cette statue apporte énormément à l’ensemble du dessin, insistant sur la notion de transmission qui est pour moi importante dans mes dessins. Et comme au premier plan, j’ai laissé la salle en blanc, cela guide le regard du lecteur vers les victimes et la statue.

 

Exposition des collégiens et lycéens, 2e édition
A partir du 30 septembre
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Dons d'objets au musée - VIDEOS

En 2022, le Musée-mémorial du terrorisme a initié un projet de captation vidéo de dons effectués pour ses collections. Les donateurs ont été invités à présenter le ou les objets qu'ils confient au musée et leur démarche de don. Les vidéos ont été tournées chez eux avec l'objectif de mieux comprendre la valeur mémorielle et affective de ces objets et la générosité de leur don. D'autres vidéos seront réalisées en 2023.