Même la cathédrale n'a rien pu faire

À partir du témoignage et des œuvres de Mostafa Salhane, chauffeur de taxi pris en otage lors de l’attentat du marché de Noël de Strasbourg, le 11 décembre 2018, les élèves ont souhaité créer une œuvre collective commémorative, empreinte de valeurs telles que l’empathie, la solidarité, le partage et le respect. 

Les élèves, accompagnés de leurs professeurs, souhaitaient donner une dimension esthétique à leur travail, propice à créer du lien et de l’échange autour de la question du terrorisme à travers l’emploi d’un matériau, le fil, et d’une forme, la cathédrale de Strasbourg. Nous avions dès le départ envisagé le mémorial comme une forme nous permettant de réunir l’ensemble des dessins réalisés par les élèves. La géométrie épurée de la cathédrale, monument emblématique de la ville de Strasbourg, s’y prête tout particulièrement. 

Le constat d’une élève comparant la cathédrale à la figure du colosse au pied d’argile a été décisif : « Même la cathédrale n’a rien pu faire ! ». 

L’intention est de personnifier la cathédrale dans une démarche d’anthropomorphisme en attribuant au mémorial une taille humaine et en donnant vie à la matière. L’utilisation de résine polyuréthane sur mat de verre confère aux panneaux des aspects de surfaces cutanées, et laisse passer la lumière qui s’oppose à l’ombre et renforce l’idée de vie. L’emploi du fil a une valeur symbolique et métaphorique; il joue le rôle de conducteur de l’histoire, il tisse du lien. C’est un objet fragile à l’instar de la vie et comme la peur, il déforme le réel. Mais si la vie ne tient qu’à un fil, c’est avec un fil qu’on répare les blessures. 

Le mémorial, en plus d’être un acte de résistance à l’oubli, contribue à guérir les blessures.